Méditation en noir et blanc

De ses mains sortent des oeuvres d’art en papier filigrane. Jolanda Brändle s’est découvert incidemment une vocation. Aujourd’hui, elle est l’une des créatrices de découpages les plus réputées de Suisse orientale.

Lorsque l’on regarde par-dessus l’épaule de Jolanda Brändle, il y a de quoi s’étonner. Avec de simples petits ciseaux, elle arvient à découper des silhouettes dans du papier aussi fin qu’un cheveu. Et cela à un rythme hallucinant. Manier les ciseaux pendant des heures, légèrement penchée en avant? On imagine que cela doit être astreignant. Jolanda conteste: «Pour moi c’est un travail méditatif», argumente-t-elle. «J’effectue mes découpes de préférence après 20 h, quand le calme règne dans la maison. Et je peux travailler sans problème pendant quatre heures pour un découpage».

Elle a débuté sa carrière il y a 22 ans. Elle était alors paysanne et mère de neuf enfants et aspirait au repos après une journée de travail éprouvante. Et c’est par hasard qu’elle a découvert l’art de la réduction en noir et blanc. Au début, je me disais «surtout pas de vaches», dit-elle en riant. «Mais je ne voulais pas non plus créer des motifs déjà vus, je voulais que mes découpages expriment la vie.» Les découpages de Jolanda ressemblent parfois à des images fourmillantes, parfois à des ornements. En plus des motifs traditionnels illustrant la vie campagnarde, on y découvre toujours des sujets étonnants. Parfois il s’agit d’un bouc, qui danse sur ses sabots de derrière, parfois d’un personnage en mountainbike, qui pédale en montant sur une colline derrière une ferme.

Le projet en bref

  • Atelier decoupage
  • Esplanade et murs
  • Mosnang/SG

Un art qui se vend bien

Très vite, elle dépassa le stade de débutante et a pu vendre ses oeuvres. En 2010, elle a ouvert son premier magasin. En plus de la vente des découpages, elle s’est mise à vendre des tissus, des tasses, des t-shirts et bien d’autres choses encore avec ses motifs en surimpression. Les organisateurs de l’Olma eurent vent des créations de Jolanda, et en 2012, c’est elle qui a été chargée de créer l’affiche de la foire. Depuis lors, les ventes ont explosé. Et très vite le magasin est devenu trop petit.

Lorsqu’il y a quatre ans, l’un des bailleurs a voulu récupérer son terrain et que les Brändle durent réduire leur cheptel, ils décidèrent de développer l’activité artisanale de Jolanda pour en faire une deuxième source de revenu. Pour cela, il leur fallait un nouveau local. Les Brändle le trouvèrent au centre du village car l’auberge «Bären» était à vendre. La famille a pu transformer le bâtiment en magasin et en maison d’habitation. «L’avantage, c’est que je peux maintenant travailler dans le magasin, ce qui était auparavant impossible par manque de place.»

Ceux qui pensent que cette quinquagénaire est débordée avec son magasin, sa famille et son exploitation fermière, se trompent, car elle fait régulièrement du jogging et parcourt des kilomètres avec son vélo de course. Elle se lève au petit matin et fait un tour avant de s’asseoir pour réaliser un découpage. «C’est ce qui me plait le mieux» dit-elle en ayant déjà découpé une petite chèvre.

schererei.ch

Texte: Alexandra Rozkosny

Images: Yannick Andrea

Paru en mai 2021

Notre soutien

L’esplanade devant la petite bâtisse qui abrite l’atelier et l’appartement de Rolf Steinbacher s’affaissait avec le temps et l’un des murs présentait des fissures. Pour remettre le tout en état, le tavillonneur a pu bénéficier du soutien de l’Aide suisse à la montagne.
L’Aide suisse à la montagnes apporte un soutien financier lorsque l’argent ne suffit pas pour réaliser un projet porteur d’avenir.