Touristes et armaillis comblés

Le pont suspendu, à moitié terminé, n’est pas très rassurant. Il n’y a pas de balustrade, la gorge au-dessous est à 108 mètres. Et le tout est encore bringuebalant. «Les éléments ne sont pas encore vissés», explique Theo Lauber, le constructeur du pont que les ouvriers sont en train de terminer. La hauteur n’impressionne guère les quatre hommes qui sont des routiniers. Deux d’entre eux transportent à la verticale des tubes en acier de trois mètres de long et qui pèsent 100 kilos. Les deux autres les montent ensuite, assis sur une plateforme suspendue. C’est ainsi que, mètre par mètre, ces hommes effectuent les travaux au-dessus de cette gorge tapissée d’arbustes qui surplombe la Simme.

Dans quelques jours, les ouvriers atteindront leur but: l’alpage de Leiternweide qui, depuis des siècles, n’était accessible que par des échelles raides et dangereuses ou en faisant un énorme détour. Cela faisait des années que les armaillis cherchaient une solution, qui s’avéra être un pont suspendu, mais le projet capota par manque de fonds. C’est alors que des villageois se joignirent aux instigateurs, fondèrent une coopérative et ­s’assurèrent les conseils de personnes expérimentées, lesquelles conclurent qu’un pont suspendu serait idéal pour prolonger le chemin historique des bains. Décision fut donc prise de faire revivre ce chemin. De nombreux sponsors investirent dans le projet et quelques fondations apportèrent leur soutien financier. La construction n’a cependant pu démarrer que quand l’Aide Suisse aux Montagnards eut pris à sa charge le montant qui manquait encore. Ce pont suspendu est désormais une attraction touristique et il facilite la vie des armaillis qui estivent à l’alpage de Leiternweide.