Enfin dans leur nouveau logis
La famille Marmet avait absolument besoin d’une nouvelle maison d’habitation. Lors de la construction, les parents et les enfants ont mis la main à la pâte.
La famille Marmet avait absolument besoin d’une nouvelle maison d’habitation. Lors de la construction, les parents et les enfants ont mis la main à la pâte.
En hiver, les longues pistes de ski de fond attirent de nombreux touristes au Couvent. La famille Marmet n’est pas venue s’y établir pour cette raison, mais depuis 13 ans elle est fidèle à cette région.
Le ciel est bleu acier, les collines sont recouvertes d’un épais manteau de neige. La neige crisse sous les skis des fondeurs mais aucun autre son n’est perceptible. Les pistes de fond s’étendent sur des kilomètres depuis le Chasseron, entre le Val de Travers et le lac de Neuchâtel. Ceux qui en ont envie peuvent se déplacer à ski de fond depuis le Creux du Vent jusqu’à Sainte-Croix, à l’ouest. Un parcours qui attire les mordus de ski de fond de toute la Suisse. Malgré cela on est souvent seul, car le domaine est immense.
C’est au lieu-dit Couvent, à quelques mètres du départ des pistes de fond, que se trouve la ferme de la famille Marmet. Jakob, Eva et leurs quatre enfants ne sont cependant pas des adeptes de ski de fond. «Cela me plairait certainement, mais je n’ai jamais trouvé le temps», déclare Jakob. Depuis qu’il est au Couvent, Jakob a toujours travaillé dur. Il y est venu en 1977 pour effectuer sa dernière année de formation d’agriculteur et pour apprendre le français. Et il est resté en contact avec son chef de l’époque, même plus tard, alors qu’il vivait avec sa famille dans l’Oberland bernois, dans la ferme familiale dirigée avec son frère. Une ferme bien trop petite pour nourrir deux familles ce qui obligeait les deux frères à travailler à l’extérieur. Une situation peu satisfaisante. Comme, de plus, des investissements s’imposaient, il leur fallait trouver une nouvelle orientation. «Et cela se passe rarement bien lorsqu’il y a deux chefs», concède Jakob. Eva et lui se creusèrent la tête pour trouver des solutions et envisagèrent même d’abandonner. Un appel de l’ancien maître d’apprentissage de Jakob, leur annonçant qu’il allait prendre sa retraite et que ses enfants ne souhaitaient pas reprendre la ferme, changea la donne. Il proposait à Jakob de reprendre sa ferme en bail. Les Marmet ne voulurent pas laisser passer une telle chance.
«Cela n’a pas été facile de quitter tous nos amis et de déménager dans une région dont nous ne maîtrisions pas la langue», témoigne Eva. Et même pour les enfants. Les deux plus jeunes, Sonja et Nicole, qui avaient à l’époque 5 et 3 ans, se sont vite adaptées. Pour leurs aînés, cela a par contre été difficile. Anita avait alors 13 ans et Adrian 11. A l’école, le français n’était pas vraiment leur discipline favorite, et de toute façon, ils n’avaient guère envie de déménager. Mais eux aussi se sont bien intégrés et se sentent aujourd’hui chez eux ici. Entre-temps, Anita vit et travaille à Berne mais Adrian est resté dans le Jura. Il travaille à temps partiel comme boucher dans la vallée et aide son père à la ferme. Il reprendra l’exploitation dans quelques années
Lorsque les Marmet sont arrivés au Couvent il y a 13 ans, ils ne possédaient que six vaches et quelques têtes de jeune bétail. Aujourd’hui, le cheptel comporte 50 bêtes y compris les veaux et les génisses. En 2007, Jakob et Eva purent acquérir la ferme. A cette époque déjà, ils avaient conscience que d’importants investissements étaient à prévoir. L’air passait à travers les fentes et les quatre enfants habitaient ensemble dans une pièce sombre, avec une minuscule fenêtre. La pièce manquait à tel point de lumière que les tubes néon restaient allumés tout le jour.
L’argent pour les rénovations faisait défaut. Or, le chauffage menaçait de rendre l’âme, la citerne d’eau potable avait des fuites et une nouvelle fosse à purin répondant aux normes devait être construite. Il fallait donc prendre les grandes mesures: Jakob argumente: «Une rénovation serait revenue plus onéreuse que de tout détruire et reconstruire». Après l’achat de leur ferme, les Marmet avaient certes mis de l’argent de côté mais cela ne suffisait pas pour une nouvelle construction. Ce n’est que quand l’Aide Suisse aux Montagnards leur eut promis son aide, qu’ils ont pu entreprendre les travaux. La période de construction a été très dure, car ils ont réalisé une bonne partie des travaux euxmêmes et ont dû vivre pendant tout l’été dans le petit local du chauffage. Eva se remémore: «Quand nous étions tous assis autour de la table, on ne pouvait plus se relever car la pièce était minuscule. Et pour dormir, nous étions serrés comme des sardines sous le toit de la petite chambre mais c’était prévisible.»
Entre-temps, les Marmet habitent depuis près de deux ans déjà dans leur nouvelle maison qui n’est pas tout à fait terminée. Jakob: «nous avons fait le plus urgent. Le reste suivra par étape à mesure que nous aurons l’argent nécessaire.