«Je suis un peu fier, évidemment»

Levin Gisler est en 4e primaire, sa soeur, Mayla, fréquente encore le jardin d’enfants. En été, leur trajet pour se rendre à l’école est sans doute le plus long de Suisse. Levin nous en parle.

«Demain, ce sera tranquille. On ne devra se lever qu’à 6 h. Exceptionnellement, maman pourra faire une partie du chemin avec nous. Nous partirons alors en Jeep. Le soir, j’ai un entraînement de foot, je resterai dans la vallée et je dormirai chez un ami de l’école.

Les jours d’école normaux, c’est un peu différent: on se lève au plus tard à 5 h 30, on mange vite un truc, puis on part à pied. Parfois, ma petite soeur, Mayla, est un peu lente sur le chemin raide, il nous faut une heure pour aller de notre alpage Schön Chulm à la station de montagne du petit téléphérique du Ruogig.

Le projet en bref

  • Alp Schön Chulm
  • Rénovation de l'étable
  • Bürglen/UR

Là, on retrouve d’autres enfants des alpages. Ils ont beaucoup moins de route que nous. Ensemble, on prend le téléphérique jusque dans la vallée. En fait, on prend deux téléphériques. On doit changer à mi-chemin. Ça prend une demi-heure… quand tout le monde rentre dedans. Dans la partie du bas, les nacelles sont plus petites, on ne peut y être qu’à quatre. Parfois on doit attendre. En bas, à Brügg, on retrouve encore d’autres enfants, on suit la Klausenpasstrasse ensemble jusqu’à l’école, à Bürglen. Ça dure à nouveau au moins une demi-heure avec les petits. Le soir, on fait le trajet inverse. On peut parfois prendre le car postal jusqu’à Brügg. Et quand Mayla ne m’accompagne pas, je prends mon vélo pour une partie du trajet sur la montagne.

Le soutien

Les Gisler ont reçu le soutien de l’Aide suisse à la montagne pour l’extension et la rénovation de leur étable sur l’alpage Schön Chulm.

«Le soir, on manque de temps»

Tout dure un peu plus longtemps depuis que Mayla va au jardin d’enfants et qu’elle vient avec moi. Mais c’est chouette d’être à deux. En fait, j’aime faire tout ce chemin pour aller à l’école. Il y a beaucoup de choses à voir et j’aime être dehors. Juste, le soir, on manque parfois de temps pour jouer. Aujourd’hui, on est rentrés tôt, à 17 h 30. Et comme j’avais oublié mes devoirs en bas à l’école, j’ai même eu assez de temps pour aider à traire les vaches et pour jouer un peu. J’ai eu de la chance.

Je suis toujours content quand on va à l’alpage en été. C’est beau, là-haut. Surtout pendant les vacances. Mais aussi quand il y a école. Ma maman est fière de moi parce que je suis très autonome. Le deuxième jour au jardin d’enfants, je ne voulais déjà plus qu’elle m’accompagne. Moi aussi, je suis un peu fier, évidemment. Ça peut être stressant de marcher beaucoup, surtout quand il pleut et que tout est trempé. Mais ça rend fort. Je ne peux aller à l’entraînement de foot qu’une fois par semaine, pas deux comme les autres. Mais je suis aussi en forme que mes coéquipiers. Mon papa devait aussi faire ce long chemin pour aller à l’école quand il était petit. Encore aujourd’hui, il doit aller presque tous les jours dans la vallée pour apporter le foin pour l’hiver.

Passer la nuit à Schön Chulm

Vous souhaitez, vous aussi, parcourir le chemin que Levin et Mayla empruntent pour se rendre à l’école? Aucun problème. Sur l’alpage Schön Chulm, sur les hauteurs de la vallée uranaise de Schächen, Mirjam Gisler propose aux randonneurs des boissons et de quoi se restaurer, mais aussi la possibilité de passer la nuit dans un petit refuge. Si la météo est au rendez-vous, le lever du soleil vous fera oublier votre lever si matinal.

«Maman se lève à 2 h»

C’est maman qui s’occupe du travail quotidien sur l’alpage, avec les employés. Elle est responsable du fromage, et quand elle veut faire un bout du chemin avec nous, comme ce matin, le fromage doit être prêt avant qu’on parte. Ces jours-là, elle se lève à 2 h du matin. Quand on se lève à 5 h 30, il fait bien chaud en bas grâce à la fabrication du fromage. J’aime ça. Parfois, on a de la visite sur l’alpage. Maman a rénové une vieille petite cabane, et les gens peuvent y dormir. Ils adorent notre fromage et la belle vue. Nous, on a ça tous les jours. Je ne voudrais pas échanger ma vie avec les enfants qui doivent rester toute l’année dans la vallée.»

Text: Max Hugelshofer
Bilder: Yannick Andrea

Paru en décembre 2025

L’Aide suisse à la montagnes apporte un soutien financier lorsque l’argent ne suffit pas pour réaliser un projet porteur d’avenir.