A la tête de sa propre ferme à 18 ans déjà
Un tragique accident conduit Linard Tschenett à la tête de sa propre ferme à l'âge de 18 ans.
Un tragique accident conduit Linard Tschenett à la tête de sa propre ferme à l'âge de 18 ans.
Depuis son enfance, Linard Tschenett rêvait d’être paysan. Il n’aurait cependant jamais imaginé que les choses iraient si vite. A 18 ans déjà, il avait sa propre exploitation. L’élément déclencheur a été un tragique accident. Linard et son père Beat se souviennent.
Beat Tschenett: Jon était un bon ami. Nous étions les deux seuls paysans laitiers qui restaient au village et nous nous aidions mutuellement. En été, nous amenions nos vaches sur le même alpage. Et puis, il y a eu ce tragique accident: un jour, Jon s’est asphyxié avec le gaz du lisier.
Linard Tschenett: J’avais 18 ans à l’époque et j’effectuais ma deuxième d’année d’apprentissage à Malans. Lorsque mes parents m’ont appelé pour m’annoncer l’accident, j’étais abasourdi. Et encore plus quand j’ai appris que les descendants de Jon souhaitaient me vendre la ferme à moi. Tout est allé très vite. J’ai donc décidé de me lancer dans ce métier plus tôt que prévu. Le problème était que je n’avais pas d’économies. Rien. Et comme je n’avais pas terminé ma formation, je n’avais pas le droit d’obtenir des contributions. Par bonheur, mes parents m’ont soutenu.
Beat: J’ai d’abord mis la ferme en affermage en mon propre nom jusqu’à ce que Linard ait terminé son apprentissage, puis il l’a achetée. Il a obtenu l’aide de départ habituelle du canton sous forme de crédits à l’investissement. Le reste de l’argent, nous l’avons récolté au sein de la famille. Tout le monde nous a aidés en nous consentant des prêts sans intérêts.
Linard: J’avais donc une montagne de dettes, mais ma propre ferme. C’était un sentiment étrange mais merveilleux. Papa et moi, nous avons créé une communauté intergénérationnelle, car nous effectuons de toute façon tous les travaux ensemble. Comme avant les fermes étaient exploitées séparément, il y avait beaucoup d’opérations à double. Nous avons donc décidé de procéder à la traite en un seul endroit, c’est-à-dire dans mon exploitation qui se trouve dans le village. C’est moins compliqué pour la livraison du lait, mais cela impliquait des investissements. Et nous n’avions plus guère d’argent. Par chance, l’Aide Suisse aux Montagnards nous est venue en aide.
Beat: Oui, sans elle, nous aurions vraiment été dans l’embarras. Linard peut ainsi agrandir son étable en bas, au village. Et on pourra y loger les vaches laitières en automne. Le jeune bétail restera chez nous dans le hameau de Pütschai situé 150 m plus haut. Cela nous permettra à tous les deux d’économiser quotidiennement plusieurs heures de travail. C’est important car, à 55 ans, j’ai de plus en plus de problèmes avec mon dos, il faut donc que je réduise un peu les travaux physiques. Le surcroit d’efficacité que nous apporte la nouvelle étable permettra à Linard de me décharger de certaines tâches.
Linard: Une période laborieuse est encore devant nous. Nous avons déjà effectué le plus gros des travaux, mais il y a encore beaucoup à faire. Il faut que tout soit terminé en septembre pour le retour d’alpage des vaches. Elles peuvent se réjouir de leur nouvel habitat car la nouvelle étable sera bien plus agréable pour elles que ne l’était l’ancienne.