A 30 ans, Lampert était à un tournant de sa vie et ne savait pas vraiment ce qu’il voulait faire. Après un apprentissage de ferronnier d’art à Pratteln, il a travaillé dans la profession, puis est parti pour Swisscoy au Kosovo en tant que soldat de la paix. Il a ensuite rattrapé sa maturité et fait des études de physique. Pourtant, la ferronnerie lui manquait. Il a alors eu l’occasion de louer, au centre du village de Guarda, une ancienne ferronnerie d’art. «J’ai été de suite bien intégré grâce à mes prestations», déclare Lampert, qui ajoute en souriant: «L’important, c’est de ne pas trop fanfaronner». Je suis et je reste un Bâlois. Au début, je suspendais même le drapeau du FC Bâle sur les murs de ma ferronnerie. C’était bien perçu.» Le travail précis et créatif de Lampert était apprécié. Le nombre des commandes augmenta donc rapidement. Le petit marteau à air comprimé de 1,5 tonne était pratiquement en service toute la journée. Or, le bruit constant commença à déranger les riverains et l’atelier de 20 m2 devenait trop petit.
Lampert a alors pu acquérir à Giarsun un terrain et y construire, avec le soutien de l’Aide suisse à la montagne, un atelier flambant neuf. Les pièces maîtresses, ce sont deux énormes marteaux à air comprimé. A chaque coup, ce sont jusqu’à 100 kg qui tombent sur l’acier brûlant, ce qui correspond à un travail de 1.5 kg joule. Les machines reposent sur deux socles séparés qui, s’ils avaient fait partie de l’immeuble, risqueraient de provoquer en quelques mois de dangereuses fissures.
Le fait que la forge soit située sur une route de transit présente un autre avantage: les touristes, tout comme les autochtones passent immanquablement devant l’atelier et nombreux d’entre eux s’y arrêtent. Ceux qui le souhaitent peuvent jeter un coup d’oeil dans l’atelier et voir les cinq forgeurs à l’oeuvre. Lampert nourrit donc un nouveau rêve: faire découvrir cet artisanat d’art à davantage de personnes encore.
lampert-guarda.ch
Texte: Alexandra Rozkosny
Images: Max Hugelshofer
Paru en
mai 2021