Un nouveau foyer
L’Evergrin, une structure de Christian Feuz et Isa Oggier créée pour les jeunes en situation difficile.
L’Evergrin, une structure de Christian Feuz et Isa Oggier créée pour les jeunes en situation difficile.
A Grin près de Gadmen, Christian Feuz et Isa Oggier ont transformé une ferme en ruine. Ils en ont fait un foyer, pour eux, pour leurs trois enfants et pour une poignée d’adolescents et de jeunes adultes qui peinent à s’intégrer seuls dans la société.
Dans le Gadmental, dans l’Oberland bernois, à Grin près de Gadmen, Christian Feuz et Isa Oggier ont créé un foyer dans une ferme qui tombait en ruines, pour eux, leurs trois enfants et une poignée d’adolescents et de jeunes adultes qui ont de la difficulté à trouver leurs marques dans la société. Dans la cuisine de cette maison, Wuli se bat avec la machine à pétrir la pâte. Le batteur ne veut pas s’enclencher et la pâte ne prend pas bien car il a mal calculé la quantité d’eau nécessaire. Mais Wuli ne baisse pas les bras. Il apprécie de pouvoir réaliser quelque chose par lui-même, même si c’est fastidieux. Ce jeune de 16 ans, dont le nom entier est Abduwali Dhiblawe, a grandi dans divers homes et a passé jusqu’ici l’essentiel de sa vie sur des canapés. Il était incapable de structurer son quotidien. Le fait de travailler de façon concentrée est donc une notion nouvelle pour lui. Il lui faut cependant apprendre ces rudiments s’il veut avoir une chance de trouver une place d’apprentissage, d’accéder ensuite à une vie professionnelle et de s’intégrer dans la société. Dans le hameau reculé de Grin, Christian et Isa lui offrent cette chance. «C’est ur, mais cela me plaît bien», témoigne-t-il.
Actuellement, Wuli est l’un des trois jeunes qui vivent et travaillent dans ce centre en bénéficiant d’un encadrement. L’ancienne ferme est aussi la demeure de Christian et Isa et de leurs trois enfants: Lola, Elio et Maël. Ce sont eux qui, avec un ou deux civilistes et Pedro Burri, un employé, sont le moteur du Team Evergrin. Un team qui manque cependant de place car il n’y a pas suffisamment de chambres dans la maison. Un membre du service civil et Wuli sont donc contraints de vivre pour l’instant dans une roulotte de chantier aménagée. «Nous avons eu recours à notre première roulotte de chantier quand nous avons commencé à manquer sérieusement de place», explique Christian, qui a fait de nécessité vertu en construisant une chambre sur roues.
Entre-temps, lui et ses gens sont devenus une référence pour ce type de roulotte qu’ils aménagent pour des clients. «C’est un travail idéal pour nos pensionnaires. C’est un job artisanal très varié et gratifiant car les résultats sont probants.» Et surtout, le travail physique est pour les personnes prises en charge une étape essentielle sur le chemin de l’autonomie. Le Team Evergrin exécute aussi pour des tiers des travaux de jardinage, d’entretien des chemins et rénove des murs de pierres sèches. La moitié des revenus de la famille Feuz-Oggier provient de ces travaux, l’autre moitié, des dédommagements qu’ils reçoivent pour les missions d’encadrement. Actuellement, les membres d’Evergrin sont occupés à la transformation d’une nouvelle roulotte de chantier. Des travaux qui pressent car un nouveau civiliste va arriver incessamment et il va falloir le loger.
A midi, tout le team d’Evergrin se retrouve autour de la table. Ils parlent de leur travail du matin, plaisantent et planifient les tâches de l’après-midi. Et ils ont un bon coup de fourchette, car tout est délicieux. Une nouvelle expérience couronnée de succès pour Wuli.